Trois approches théoriques sont articulées :
Une approche par les capacités, développée sur le travail et l’emploi par des réseaux de recherche européens depuis le milieu des années 2000 (Salais 2005, etc.). Ici, « avoir la capacité de » est le pouvoir de faire ce que l’on entend, de réussir une inclusion durable dans l’emploi et le travail. Une véritable attention doit être portée à la personne et à ses aspirations. « Etre en capacité de » ne signifie pas être plus motivé, mieux formé ou plus compétent à titre individuel. La liberté réelle n’est pas celle de l’individu abstrait forgé par la tradition libérale ; elle désigne la possibilité concrète de mener à bien le travail que l’on a des raisons de valoriser, d’intervenir sur le débat relatif aux conditions d’emploi et de travail et de l’influencer. Une vision de la liberté qui bouscule les acceptions établies en économie et offre un appui pour repenser l’agir individuel dans ses rapports entre liberté et responsabilité.
Une approche en termes socio-cliniques, attentive aux dimensions subjectives et intersubjectives au sein des rapports sociaux, à ce qui affecte et anime le sujet d’un point de vue individuel et collectif (De Gaulejac et al., 2012). Elle vise à saisir sur le plan sociopsychologique comment les salariés vivent l’injonction à la responsabilisation, comment ils se la représentent, comment ils en sont affectés, comment ils la subliment le cas échéant. Elle permettra d’appréhender le pouvoir d’agir comme étant le fruit de l’activité des sujets et de leur mobilisation psychologique et sociale, avant d’être la conséquence de conditions institutionnelles et organisationnelles fournissant des marges de manœuvre, étant entendu qu’ils restent toujours les seuls à même de transformer ces conditions en instruments réels pour mener leur action.
Une approche par les outils de gestion qui vise à comprendre comment est instrumenté l’appel à l’agir des salariés en ENQ dans ses différentes formes, liées aux politiques publiques ou aux politiques d’entreprise. Cette instrumentation doit s’entendre à la fois tion. Les outils en question seront dès lors considérés comme des « analyseurs » (Chiappello et Gilbert, 2013) de l’injonction à l’agir individuel et de ses différentes variantes institutionnelles et organisationnelles. Leur étude permettra d’examiner tout l’outillage nécessaire aux salariés en ENQ pour pouvoir effectivement agir au-delà des possibilités formelles qui leur sont offertes.
